L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
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Compte rendu du livre :
 
Le Coup d’État climatique,
de Mark Alizart,
Puf, 2020.

Pour répondre à la crise climatique, il y a deux grandes approches : l’écologisme et l’écomodernisme. La première consiste à rejeter les aspects les plus modernes de notre société, censés être responsables de la crise actuelle : le capitalisme, le productivisme, le développement permanent de nouvelles technologies, etc. L’idée est que les conditions de vie sur Terre ne s’amélioreront que par un retour à un mode de vie plus simple, plus sobre et plus proche de la nature. La seconde approche considère au contraire qu’il faut simplement réguler l’économie de marché, encourager l’innovation technologique et ne pas hésiter à modifier la nature. Mais, dans ce petit livre, le philosophe Mark Alizart ne se range derrière aucune de ces deux approches, bien qu’il emprunte aux deux.

D’un côté, il s’en prend au capitalisme. Il défend même la thèse risquée selon laquelle les grands acteurs de l’économie causeraient volontairement la crise climatique parce qu’ils y verraient un moyen d’en tirer profit ! D’un autre côté, il soutient la nécessité de favoriser l’innovation technologique et ne prône aucun retour à la nature. Cette combinaison détonante provient de l’idée que, pour avoir des chances de l’emporter, une lutte contre un fléau doit reposer sur un front unique, s’appuyer sur la technologie et faire naître l’espoir.

Plutôt que de faire des reproches aux citoyens pour leur comportement – ce qui ne permettra pas de les unir – l’auteur préfère ainsi diriger ses critiques contre le système capitaliste, à l’instar des partisans de l’écologisme. Ensuite, rappelant qu’il n’y a pas de victoire possible sans innovation, il préconise de s’aider de la technologie pour lutter contre la crise climatique. Enfin, soulignant qu’une mobilisation ne dure pas sans espoir, il refuse de blâmer la civilisation sous prétexte qu’elle a abîmé la Terre. Au contraire, il en appelle à un projet optimiste de transformation du monde. Autant dire que, sans s’en rendre compte, l’auteur rejoint ici l’écomodernisme. Cette approche hybride rend sa démarche originale. Reste à savoir si elle est viable.

Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines, 327, juillet 2020.


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