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Compte rendu du livre :

Histoire et politique à Rome.
Les historiens romains, IIIe siècle av. J.-C.- Ve siècle ap. J.-C.,

de Marie-Pierre Arnaud-Lindet,

Pocket, 2005.

      Qui veut connaître l'histoire de Rome doit lire les historiens romains. Mais connaître l'histoire de Rome n'est pas la même chose que connaître l'histoire racontée par les historiens romains. De fait, comme le montre Marie-Pierre Arnaud-Lindet dans ce livre, dès ses origines, l'écriture de l'histoire de Rome est liée à sa politique. Les premiers historiens apparaissent à l'époque de la deuxième guerre punique. Engagés dans une lutte pour la survie de leur cité, puis dans la conquête, les Romains cherchent alors à justifier leurs actions aux yeux des « autres », les Carthaginois et les Grecs, en soulignant la grandeur de leur passé et les vertus de leurs ancêtres. Ensuite, l'histoire devient un moyen au service de l'action politique à l'intérieur même de la Cité. Pendant les dernières années de trouble qui conduisent à la fin de la République, les principaux historiens sont d'ailleurs des acteurs des luttes politiques (César, Salluste). L'établissement de l'Empire impose la fin des rivalités aristocratiques pour le pouvoir et voit une histoire toute à la gloire de Rome et de l'Empereur. Par la suite, dans l'Antiquité tardive, le genre s'essouffle un peu et se réduit souvent à des squelettes chronologiques, avant que les historiens chrétiens ne racontent l'histoire de Rome en fonction d'une apologétique où Dieu devient un acteur de l'histoire. On voit ainsi qu'il n'y a pas de compréhension de l'histoire sans connaissance des historiens qui l'ont écrite. Et c'est le mérite de ce livre d'offrir une étude complète des historiens romains replacés dans leur contexte historique.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 166, décembre 2005.

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