L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
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Compte rendu du livre :
 
Des bêtes et des dieux.
Les animaux dans les religions,
Éric Baratay,
Éditions du Cerf, 2015.

Les religions ont du mal à penser les animaux. Elles peuvent parfois chercher à atténuer la cruauté des humains à leur encontre. Ne sont-ils pas eux aussi des créatures divines à respecter ? Mais elles incitent également à les dévaloriser en prônant une exceptionnalité et une suprématie humaines. Comme le montre l’historien Éric Baratay dans ce livre, les religions n’ont ainsi jamais cessé d’être travaillées par la question animale, chacune à sa façon et à des degrés divers en fonction des époques. Étant donnée l’importance croissante de cette question de nos jours, l’auteur a eu la bonne idée d’écrire une petite synthèse historique de cette tension. Tour à tour, il étudie donc la façon dont les chrétiens (catholiques, orthodoxes, protestants), les musulmans, les juifs, les animistes amérindiens, les confucianistes et les bouddhistes ont pensé au cours du temps leur relation aux animaux.

À l’issue de cet instructif panorama, où la diversité des approches est bien soulignée, l’auteur laisse transparaître un certain optimisme en ce qui concerne le sort des animaux. Non pas qu’il imagine que les religions traditionnelles vont demain se mettre à les défendre contre toute forme d’oppression. Mais, selon lui, le temps de la domination sans scrupule est révolu. Cette évolution fait écho à une préoccupation grandissante dans la société vis-à-vis de la souffrance animale. Reste à savoir si ces religions traditionnelles iront jusqu’au bout de cette nouvelle sensibilité envers les animaux ou si elles maintiendront leur credo de la suprématie humaine. Dans ce dernier cas, il se pourrait que, dans le marché mondialisé des religions, un nombre croissant d’individus s’en détournent pour privilégier des formes religieuses syncrétiques où le divin apparaîtra davantage comme le protecteur du monde vivant. L’auteur suggère même que, vu l’évolution des sensibilités, l’image d’un « Dieu prônant le végétarisme en gage de paix et de refus de la souffrance » a de grandes chances de se diffuser.

Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines, 279, mars 2016.


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