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Compte rendu du livre :

Mystique : la passion de l'Un, de l'Antiquité à nos jours,

de Benoît Beyer de Ryke et Alain Dierkens (eds),

Éditions de l'Université de Bruxelles, 2005.

      Pourquoi étudier la mystique ? Il y a bien sûr un intérêt d'ordre historique. Mais l'analyse de la mystique apporte également un éclairage singulier sur les nouvelles formes de religiosité propres à notre modernité. De fait, toutes les quêtes spirituelles en vogue actuellement se nourrissent, consciemment ou inconsciemment, des grandes traditions de la mystique. D'où la bonne idée qu'a eu Benoît Beyer de Ryke d'organiser récemment un colloque sur l'histoire de la mystique en Occident en accordant une place aux Temps modernes et à quelques comparaisons avec l'Islam, l'Inde et la Chine. En publiant avec Alain Dierkens les interventions au colloque, il nous convie ainsi à une « archéologie mentale » de la spiritualité de notre temps.
      On peut définir la mystique comme la volonté d'établir un rapport direct entre l'homme et quelque chose qui le dépasse : Dieu, l'Un ou la totalité. Pour la tradition occidentale, l'origine de la mystique est à chercher principalement dans le courant néoplatonicien, tel qu'il s'est manifesté dans l'Empire romain tardif à partir de Plotin ( IIIe siècle). Sa finalité est l'union à l'Un, principe inconditionné au-delà de ce qui est. Ce courant sera ensuite christianisé et irriguera l'ensemble de la mystique chrétienne en suivant deux voies : celle de l'amour et celle de la vacuité. La première mène à une union à Dieu sans qu'il y ait identification ; dans la seconde, il s'agit d'atteindre Dieu par le dépouillement à travers une sorte d'autodéification. Reste que cette distinction n'est pas absolue et que les grands mystiques ont souvent tenté d'opérer des rapprochements entre ces deux approches, voire d'ouvrir d'autres voies.
      En suivant quelques grandes étapes de la mystique à travers les conceptions que s'en faisaient des auteurs comme Maître Eckhart, Nicolas de Cues, Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, etc., cet ouvrage souligne ainsi les multiples aspects d'une quête qui est encore celle de nombre de nos contemporains.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 169, mars 2006.

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