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Compte rendu du livre :

Le Matérialisme scientifique,

de Mario Bunge,

Traduit de l'anglais par Sam Ayache, Pierre Deleporte,
Édouart Guinet et Juan Rodriguez-Carvajal,
Éditions Syllepse, 2008.

      Comment peut-on être matérialiste ? La doctrine est ancienne, mais elle paraît bien souvent n'être qu'une posture politique ou idéologique, sans grande consistance philosophique. Elle est principalement confrontée à deux grands problèmes. D'abord, il est très difficile de définir ce qu'est la matière. Si vous considérez qu'elle est constituée de petites boules insécables, vous allez faire rire les physiciens. Ensuite, le simple fait de se dire matérialiste fait intervenir un concept (celui de matérialisme) qui n'est, comme tous les autres concepts, manifestement pas constitué de matière. Tout ce qui existe ne semble donc pas être matériel. Du coup, que veut dire être matérialiste ?
      Dans ce livre très méthodique, qui n'hésite pas à recourir au formalisme logique, le philosophe Mario Bunge essaye de présenter une vision enfin cohérente de ce que pourrait être le matérialisme. Disons très rapidement que, selon lui, le matérialisme doit être scientifique, puisque la matière est ce qu'étudie la science. Ensuite, une entité matérielle se distingue d'une entité immatérielle par son caractère changeant (telle ou telle pierre change au cours du temps, mais pas le nombre 3). Enfin, toujours selon Bunge, les entités immatérielles, comme les concepts, n'ont pas de véritable existence dans la mesure où elles n'ont pas d'existence en elles-mêmes et sont créées par la pensée des êtres vivants.
      Bien sûr, l'argumentation de l'auteur est plus fournie que ce que pourrait laisser penser cette très succincte présentation. Mais est-elle suffisante pour échapper aux apories classiques du matérialisme ?

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 201, février 2009.

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