L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
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Compte rendu du livre :
 
Être le bien d’un autre
,
de Florence Burgat,
Rivages poche (Petite Bibliothèque), 2018.

L’esclavage n’a pas été aboli en France en 1848, comme tous les manuels d’histoire le racontent. Seul l’a été celui des humains. De fait, les animaux domestiques sont toujours maintenus en esclavage. Comme le montre la philosophe Florence Burgat dans ce livre, il y a effectivement de très fortes similitudes entre les statuts juridiques, d’un côté, de l’esclave dans l’Antiquité gréco-romaine et dans le code noir français et, d’un autre côté, de l’animal domestique dans le droit français actuel. Ainsi, l’un comme l’autre sont des biens que l’on achète, vend et tue à volonté. Leurs propriétaires peuvent aussi les faire travailler et souffrir pour en tirer un bénéfice ou un agrément. Quant à leur progéniture, elle devient automatiquement la propriété de leurs maîtres. En somme, les esclaves et les animaux domestiques sont le bien d’un autre.

Ce statut de bien ne s’est pas toujours appliqué de façon absolue. Dès l’Antiquité, des mesures de protection des esclaves humains trop mal traités ont ainsi été mises en place. Mais il a fallu des siècles pour que l’esclavage humain soit aboli. Pour les animaux domestiques, la première loi de protection n’intervient qu’en 1850 (loi Grammont). Elle stipule qu’il est interdit de les maltraiter en public. Depuis, d’autres lois sont venues renforcer leur protection. Mais aucune ne défend leurs droits fondamentaux à ne pas être emprisonnés, maltraités et tués sans nécessité. Si le code civil, depuis février 2015, définit les animaux comme des « êtres vivants doués de sensibilité », il s’empresse ainsi d’ajouter qu’ils sont toujours « soumis au régime des biens ». Pour l’auteure, cette précision vient contredire cette reconnaissance de la sensibilité. Pour sortir de cette incohérence, elle préconise que les animaux passent du statut de biens à celui de personnes. Sur un plan juridique, cela ne pose aucun problème. Pour l’instant, la volonté politique n’y est pas. Mais cela permettrait d’abolir enfin l’esclavage…

Thomas Lepeltier, mai 2018.


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