L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
burgat-humanite-carnivore
Compte rendu du livre :
 
L'Humanité carnivore
,
de Florence Burgat,
Seuil, 2017.

Pourquoi mange-t-on de la viande ? Une première réponse pourrait être : « Parce que c’est bon ! » Pourtant, la chair humaine est également réputée avoir bon goût. Or on n’en mange pas, du moins pas dans nos contrées. Une autre réponse pourrait consister à avancer : « Parce que c’est dans la nature humaine ! » Mais, là encore, il y a plein d’agissements réputés naturels que les sociétés ont jugé bon de bannir. Pourquoi donc continuer à exercer de la violence contre les animaux pour les manger ? Enfin, on pourrait dire : « Parce que c’est vital ! » Mais on sait bien que ce n’est pas vrai. Bref, pourquoi consommer de la viande ?

Pour répondre à cette question, la philosophe Florence Burgat revient sur les dernières recherches concernant l’alimentation des premiers humains, parcourt les multiples façons dont l’alimentation carnée a été pensée, analyse en profondeur la signification des sacrifices sanglants et s’interroge longuement sur les motivations du cannibalisme. Il en ressort que la consommation de viande des premiers humains n’a pas été aussi importante qu’on s’est longtemps plu à le croire. Même si, après ces premiers temps, elle a occupé une place importante dans la plupart des sociétés, à certaines époques, en certains endroits, des peuples ont fait le choix de s’en abstenir. Cela signifie bien que l’alimentation carnée est une option. Ensuite, Burgat montre que la ritualisation des mises à mort, loin d’être une marque de respect pour les animaux, n’est qu’un alibi pour s’autoriser à les abattre. Enfin, elle nous fait bien comprendre que la raison immédiate du cannibalisme est d’ordre gastronomique.

Burgat en arrive à la conclusion que la manducation de chair répond principalement à un désir d’exprimer un sentiment de supériorité sur les animaux et, parfois, sur d’autres humains. Elle n’imagine pas que, sur ce point, les modes de consommation vont changer dans les décennies à venir. Mais elle se dit que, avec le développement des viandes végétales et in vitro, les humains pourraient, en jouant sur le symbolique, maintenir cette cruelle arrogance, sans avoir à tuer les animaux.

Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines, 292, mai 2017.


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