Compte rendu du livre :
La Personnalité juridique
des animaux jugés au Moyen Âge,de David Chauvet,
L’Harmattan, 2012.En 1386, dans un petit village du Royaume de France, une truie blessa mortellement un enfant. Un procès fut intenté à l’animal et, déclaré coupable, il fut pendu sur la place publique, non sans avoir été affublé d’un vêtement d’homme pour son exécution. Une telle procédure juridique, loin d’être exceptionnelle au Moyen-Âge, surprend et fait sourire de nos jours. Comment les animaux pourraient-ils répondre de leurs actes devant des tribunaux ? Mais, pour le juriste David Chauvet, cette curiosité judiciaire, loin d’être d’un archaïsme complètement dépassé, est riche d’enseignement. Non pas que l’auteur envisage de la réintroduire dans notre univers juridique, mais il estime qu’elle peut nous aider à repenser le problématique statut juridique des animaux, en vue notamment de mieux les protéger contre la cruauté humaine.
Il faut savoir qu’un animal, sur un plan juridique, est assimilé à une chose ; d’où toutes les exploitations possibles et imaginables dont il est l’objet. En même temps, la justice ayant quand même intégré que les animaux sont des êtres sensibles, ces derniers sont juridiquement protégés des mauvais traitements qu’ils pourraient subir. Comment sortir de cette contradiction, dans un sens qui ne nuise pas au respect de l’animal ? Pour l’auteur, il faudrait que ce dernier se voit accorder le statut de personnalité juridique. Mais, contre cette « promotion juridique », d’aucuns avancent qu’un tel statut serait incompatible avec celui de « bien meuble », qui en fait une chose pouvant devenir la propriété d’une personne. C’est là que l’auteur, fort de ses analyses détaillées des débats autour des procès d’animaux, peut montrer que, au Moyen Âge, rien ne s’opposait à ce que les animaux soient des biens et aient une personnalité juridique. L’auteur discerne ainsi dans ces procédures juridiques de l’époque l’enclenchement d’un processus de personnification des animaux, auquel la modernité a malheureusement mis un terme. Comme quoi, en ce qui concerne la cause animale, il peut être utile de repasser par le Moyen Âge…Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 245, février 2013.
Pour acheter ce livre : Amazon.fr
![]()
Autres livres à signaler :
— Pierre Jouventin, David Chauvet et Enrique Utria, La Raison des plus forts. La conscience déniée aux animaux
, Éditions Imho, 2010.
— Tom Regan, Les Droits des animaux, Éditions Hermann, 2013.