L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
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Compte rendu du livre :
 
Une raison de lutter
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L’avenir philosophique et politique de la viande,
de David Chauvet,
Éditions l’Âge d’Homme, 2017.

La consommation de viande repose sur un paradoxe. D’un côté, la plupart des consommateurs estiment qu’il ne faut pas faire souffrir ni même tuer les animaux quand ce n’est pas nécessaire. D’un autre côté, très peu envisagent d’arrêter d’en manger alors qu’ils savent pertinemment que cette consommation n’est pas nécessaire et que, d’une façon ou d’une autre, elle impose des souffrances aux animaux. En dénonçant ce paradoxe, de nombreux militants de la cause animale espèrent que la consommation de viande cessera dans un avenir relativement proche. Mais, pour le juriste David Chauvet, ce n’est pas si simple. Quand bien même une cause serait juste et reconnue comme telle, il ne suffit pas de la défendre pour qu’elle triomphe. Par exemple, il a fallu attendre des siècles pour que l’esclavage soit aboli alors même que son bien-fondé avait été mis en cause dès l’Antiquité. Du coup, Chauvet se demande si les militants de la cause animale ne font pas preuve d’un optimisme quelque peu naïf.

Il n’estime pas pour autant que l’abolition de la viande ne verra jamais le jour. Mais, à ses yeux, elle ne proviendra pas uniquement d’arguments éthiques. Elle pourrait faire suite, subodore-t-il, au renchérissement de la viande consécutif à l’augmentation de la population mondiale et au développement des viandes in vitro, produites en laboratoire. Ces deux « événements » pourraient en effet réussir à remettre en cause l’intérêt économique de la consommation d’animaux. En soi, ils n’inciteraient qu’à une diminution de cette consommation et non à son arrêt. Mais ils pourraient permettre aux arguments éthiques d’être enfin pris au sérieux, tout en contribuant à miner la dimension symbolique de la consommation de viande qui donne souvent au consommateur un sentiment de supériorité sur l’animal qu’il mange. Dans ce contexte, l’auteur estime que la défense des arguments éthiques en faveur du végétarisme n’aura pas d’effet à court terme. Mais elle s’avérera fondamentale quand l’utilité de l’élevage sera socialement remise en cause…

Thomas Lepeltier, décembre 2017.


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