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Compte rendu du livre :

Je t'aide... moi non plus.
Biologique, comportementale et psychologique :
l'altruisme dans tous ses états
,

de Christine Clavien,

Éditions Vuibert (Philosophie des sciences), 2010.

      Nous arrive-t-il d'agir de façon désintéressée pour le bien d'autrui ? Si oui, comment expliquer l'existence de ce type de comportement ? Ce sont deux interrogations fondamentales concernant l'altruisme qu'aborde Christine Clavien dans cet ouvrage de synthèse. Cherchant à faire le tour de cette notion, elle l'aborde sous trois angles : celui du monde animal, celui des comportements humains, notamment dans leur dimension économique, et, enfin, celui des motivations psychologiques.
      À première vue, sur le plan de la biologie, l'altruisme pose problème. Un individu altruiste favoriserait les chances de survie — et donc de reproduction — des autres aux dépens des siennes. Il devrait donc être éliminé par la sélection naturelle. Pourtant, des comportements altruistes semblent exister dans le règne animal. Pour résoudre ce paradoxe, les biologistes ne sont pas à court d'hypothèses. Imaginons par exemple que la sélection porte sur les gènes, et non sur les individus. Du coup, un gène codant pour un comportement altruiste pourrait se diffuser si les individus qui en ont été les bénéficiaires sont aussi porteurs de ce gène. Mais, autre possibilité, parmi les 4 que l'auteur présente, on peut également imaginer que le comportement altruiste soit profitable à l'individu simplement parce qu'il lui permettrait de mieux s'intégrer à un groupe et, par là même, d'accroître sa descendance.
      Qu'en est-il chez l'être humain ? Expériences à l'appui, on a pu montrer que des individus peuvent agir en faveur de personnes non apparentées génétiquement sans rien pouvoir espérer en retour. Cela remet en cause la théorie économique classique selon laquelle l'homme ne cherche qu'à maximiser ses profits. Reste à savoir si l'on aide quelqu'un parce qu'on a le désir de l'aider indépendamment de tout autre désir. Ou l'aide-t-on parce que sa souffrance, par exemple, nous est désagréable ? L'auteur évalue là encore les pour et les contre des deux positions. Elle achève ainsi son très instructif tour d'horizon des recherches actuelles sur l'altruisme, non sans s'attacher à montrer intelligemment les liens entre ces trois angles d'attaque.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 221, décembre 2010.

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