Fossil Future.
Why Global Human Flourishing Requires
More Oil, Coal, and Natural Gas – Not Less,
de Alex Epstein,
Portfolio, 2022.
Voici un livre à contre-courant ! Alors qu’il existe une quasi-unanimité pour considérer qu’il faut diminuer le recours aux énergies fossiles, son auteur défend au contraire la thèse qu’il faut continuer à les extraire du sol. Ici, nul climato-scepticisme. L’auteur reconnaît que l’utilisation de ces énergies est responsable du réchauffement climatique et que celui-ci aura des conséquences néfastes. Mais, en philosophe, il estime que l’argumentation qui conduit à vouloir les restreindre est bancale.
Il commence ainsi par noter que, dans les débats sur le réchauffement climatique, ses bienfaits ne sont jamais évoqués. Or il n’y a aucune raison pour que ceux-ci soient inexistants. Bien sûr, il se peut que les effets du réchauffement soient globalement négatifs, mais il serait vraiment bizarre qu’il n’y en ait pas de positifs. Ensuite, l’auteur fait remarquer que les propositions de diminution des énergies fossiles ne prennent pas en compte leurs bienfaits passés, présents et éventuellement futurs. N’oublions pas qu’elles ont permis à l’humanité de sortir de l’état de misère dans lequel elle était plongée depuis des millénaires et que, grâce à elles, les aléas climatiques sont, de nos jours, beaucoup moins mortels. D’ailleurs, ce sont les pays dont l’économie repose le moins sur les énergies fossiles qui sont les plus vulnérables face au réchauffement climatique. Il serait donc bien plus néfaste de s’en passer, avance l’auteur, que de se confronter à l’augmentation des températures qu’elles induisent.
Si cette perspective est iconoclaste, ce serait parce que le schéma de pensée dominant présente négativement tout impact humain sur la nature. L’opinion serait ainsi obnubilée par les mauvais côtés des énergies fossiles, sans voir les bons. Mais, pour l’auteur, c’est au contraire parce qu’elle a transformé son environnement, en particulier grâce à ces énergies, que l’humanité l’a rendu bien plus vivable. Il serait donc dangereux de ne pas continuer dans cette voie. Bien sûr, ce projet repose sur le pari que les bienfaits des énergies fossiles surpasseront toujours leurs défauts. On peut en discuter. Mais c’est justement l’intérêt de ce livre de lancer ce très intéressant débat.
Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines,
362, août 2023.
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