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Compte rendu du livre :

La Philosophie de l'esprit.
De la relation entre l'esprit et la nature,

de Michael Esfeld,

Préface de Pascal Engel,
Armand Colin, 2005.

      Comment le désir de lever le bras peut-il engendrer l'action de lever le bras ? Plus généralement, comment des états mentaux peuvent-ils avoir des effets physiques ? C'est ce qu'on appelle le problème de la causalité mentale et qui est au cœur de la philosophie de l'esprit. Disons tout de suite que c'est un problème épineux. Voici quatre propositions apparemment évidentes. (1) Les états mentaux sont distincts des états physiques ; autrement dit, la volonté de lever le bras n'est pas identique à l'état physique du corps d'où ce désir émane. (2) Les états mentaux causent les états physiques ; c'est le désir de lever le bras qui est responsable de son mouvement. (3) Tout état physique a des causes physiques suffisantes ; sinon, d'un point de vue strictement physique, un bras se retrouverait en l'air par miracle. (4) Il n'y a pas de surdétermination causale ; le désir de lever le bras ne peut être considéré comme cause du mouvement du bras si celui-ci est déjà causé par un état physique. Tout le problème de la philosophie de l'esprit est que ces quatre propositions sont incompatibles. Par exemple, si le lever du bras est causé par le désir d'un tel mouvement (2), s'il n'y a pas de surdétermination causale (4), et si tout phénomène physique a des causes physiques (3), alors le désir est identique à un état physique. Par conséquent, la première proposition est fausse. De même, pour les autres combinaisons.
      Quelles sont les solutions que les philosophes proposent pour comprendre cette énigmatique relation entre l'esprit et la nature ? C'est ce que présente Michael Esfeld dans ce livre qu'on ne saurait trop recommander. Les différentes positions sont expliquées de manière très didactique. Les origines de chaque argument sont indiquées avec précision et des conseils bibliographiques sont fournis pour approfondir les points abordés. Et, plus rare dans un livre de philosophie, des exercices sont proposés afin de s'entraîner à l'argumentation et de vérifier sa compréhension des problèmes traités. Que demander de plus ?

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 164, octobre 2005.

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