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Compte rendu du livre :

Goodbye Kant !
Ce qu'il reste aujourd'hui de la Critique de la raison pure,

de Maurizio Ferraris,

Traduit de l'italien par Jean-Pierre Cometti,
Préface de Pascal Engel,
Éditions de l'éclat, 2009.

      Emmanuel Kant est incontournable. Son influence sur la philosophie moderne est si grande qu'on ne peut aborder cette dernière sans se frotter d'une manière ou d'une autre à la Critique de la raison pure . Dans ce livre ardu, aride et imposant, Kant y opère entre autres ce qu'il appelle sa révolution copernicienne. Il prétend montrer que toute connaissance est relative au sujet humain, au sens où nous appréhenderions le monde à travers notre sensibilité et notre entendement sans jamais pouvoir atteindre la « chose en soi », c'est-à-dire la réalité telle qu'elle est en elle-même. Notamment, l'espace et le temps relèveraient du sujet et non de la chose en soi. Bref, sans sujet, pas d'espace ni de temps !
      C'est cette œuvre magistrale que le philosophe Maurizio Ferraris décortique dans ce livre alerte, ironique et plein d'esprit. Un peu comme le film Goodbye Lenin ! le faisait avec la RDA, Ferraris porte un regard critique mais non dénué d'humour sur le philosophe de Königsberg. C'est donc sans lourdeur qu'il expose ses raisonnements expéditifs, ses abus de langage, ses constructions conceptuelles bancales, etc. Pas de doute possible, la statue de celui qui impressionne encore tant d'étudiants et de philosophes confirmés s'en trouve déboulonnée.
      Mais attention ! Cette critique ne dispense pas du tout de lire Kant. Ce dernier reste incontournable. Il est juste recommandé maintenant d'accompagner la lecture de son œuvre de celle du livre de Ferraris, au risque de croire que les thèses de Lénine, pardon !, de Kant sont inébranlables.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 206, juillet 2009.

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