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Compte rendu du livre :

Napoléon.
La vie, la légende,

de Gérard Gegembre,

Larousse (La vie, la légende), 2001.

      Que n'a-t-on pas écrit sur Napoléon ! Il y eut les propagateurs de la légende noire qui, comme Mme de Staël, stigmatisaient cet être « gauche » et « arrogant » réunissant « toute la mauvaise grâce d'un parvenu à toute l'audace d'un tyran ». Il y eut ceux qui se firent l'écho de la légende dorée comme Alfred de Musset soulignant que, sous l'Empire, un « seul homme était en vie alors en Europe » et que « le reste des êtres tâchait de se remplir les poumons de l'air qu'il avait respiré ». Et il y eut tous ceux qui, empruntant aux deux légendes, tentèrent d'ajouter leur touche au portrait de ce maigre capitaine d'artillerie corse devenu Empereur. Le nombre de titres est d'ailleurs immense : il y aurait plus de livres et d'articles consacrés à Napoléon qu'il ne s'est écoulé de jours depuis sa mort.
      On comprend aisément que l'étude de toutes ces représentations puisse devenir un sujet d'une grande richesse. Natalie Petiteau avait publié récemment un intéressant Napoléon, de la mythologie à l'histoire (Seuil, 1999), dans lequel elle analysait deux siècles d'historiographie sur Napoléon. L'ouvrage de Gérard Gengembre s'inscrit dans son sillage mais, tout en étant plus succinct, embrasse plus d'aspects. Comme tous les ouvrages de la même collection, une première partie rappelle la vie du personnage historique et une seconde se concentre sur sa légende. Dans cette dernière, à la différence de Petiteau qui se restreint à la production livresque, Gengembre s'intéresse à tous les types de représentations (livres, tableaux, films, etc.), en commençant par les premières œuvres de propagande. En tant que tel, ce livre, comme celui de Petiteau, est vivement recommandable. Il paraît imprudent de parler de Napoléon sans prendre connaissance de tout ce que ces deux ouvrages recèlent d'information.
      Notons toutefois deux défauts. D'abord, la biographie du début ne manifeste pas le recul que la réflexion historiographique de la seconde partie aurait pu apporter. Ensuite, Gengembre sous-entend que les historiens — du moins les meilleurs — auraient enfin quitté « le territoire de la mythologie » en ce qui concerne Napoléon ; cette idée était d'ailleurs le leitmotiv du livre de Petiteau. Mais, comme chez cette dernière, aucune discussion critique sur les liens qui peuvent exister entre mythologie et histoire n'est entreprise. Dommage.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 128, juin 2002.

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