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Compte rendu du livre :

Le Procès du singe.
La Bible contre Darwin,

de Gordon Golding,

Éditions Complexes, 2006.

      La première bataille juridique entre les partisans de la théorie darwinienne de l'évolution et ceux du créationnisme s'est déroulée à Dayton, dans le Tennessee (États-Unis), en juillet 1925. John Thomas Scopes, professeur de science naturelle, y était jugé pour avoir enseigné aux écoliers de la ville que « l'homme descend du singe ». Conformément à la loi qui venait à peine d'être votée dans cet État et qui interdisait l'enseignement de la théorie de l'évolution, l'issue du procès fut défavorable à Scopes. Ce procès, parfois appelé « le procès du singe », eut un énorme retentissement et est devenu depuis une référence incontournable dans les débats récurrents aux États-Unis entre les partisans de la théorie de l'évolution et ceux du créationnisme ou, plus récemment, ceux de l' Intelligent Design.
      Très rapidement, ce procès en vint à symboliser l'opposition entre la religion et la science, entre l'obscurantisme et l'intelligence, entre le conservatisme et l'ouverture d'esprit. L'image est toutefois simpliste comme cela ressort très bien du livre alerte de Gordon Golding, qui retrace le déroulement rocambolesque du procès. D'abord, jusqu'au début du XXe siècle, les milieux religieux étaient loin de s'opposer à la théorie de l'évolution. C'est après la Première Guerre mondiale seulement qu'un certain fondamentalisme, optant pour une interprétation littérale de la Bible, a véritablement pris de l'ascendant aux États-Unis. Ensuite, la mise en accusation de Scopes est loin de refléter un simple obscurantisme des habitants de Dayton puisqu'elle fut orchestrée par ces derniers pour faire la publicité de leur ville en jouant des méthodes modernes de communication. Enfin, le procureur, symbole de la croisade contre l'évolution, s'est montré beaucoup plus ouvert aux avancées de la science que ses adversaires ne le supposaient et a soulevé une question pas forcément absurde dans une société démocratique : est-ce aux électeurs ou aux experts de décider du contenu de l'enseignement ?

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 173, juillet 2006.

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