L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
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Compte rendu du livre :
 
Plus jamais esclaves !
De l’insoumission à la révolte,
le grand récit d’une émancipation (1492-1838)
,
de Aline Helg,
Éditions La Découverte, 2016.

L’esclavage a été aboli dans les Amériques au cours du xixe siècle. Pendant longtemps, cette émancipation a été attribuée aux abolitionnistes et à eux seuls. Privés de tout moyen d’action politique, les esclaves n’étaient que les témoins passifs de leur libération. Pourtant, selon Aline Helg, l’histoire de l’abolition de l’esclavage ne peut se comprendre sans les efforts qu’ils entreprirent pour se libérer eux-mêmes. Cette historienne distingue ainsi trois manières que les esclaves eurent de retrouver leur liberté et donc de contester l’ordre établi.

D’abord, la fuite. Surtout lors des premiers siècles de la colonisation, un nombre important d’esclaves, environ 10 %, réussit à s’enfuir vers les endroits non encore colonisés. Parfois, ils arrivèrent même à former des communautés suffisamment bien organisées pour que les monarchies anglaise et espagnole signent des traités avec elles et reconnaissent leur liberté. Une autre façon de retrouver la liberté fut d’acheter son affranchissement. Là encore, cette possibilité était courante jusqu’au xviiie siècle et même au-delà dans les colonies hispano-portugaises. Les affranchies étaient surtout les femmes qui, en raison des tâches qui leur étaient attribuées, pouvaient plus facilement constituer un pécule. Mais, du coup, toute leur descendance était libre aussi. Enfin, la dernière façon de se libérer passa par la révolte. Elle s’est peu exprimée. L’exemple de Saint-Domingue reste une exception. Mais elle était toujours crainte.

Ces différentes modalités de libération, décrites ici dans le détail, font qu’une partie importante de la population noire des Amériques n’était pas esclave. Avant même que le mouvement en faveur de l’abolition ne commence vers les années 1760, des esclaves ont ainsi réussi à imposer leur désir de liberté. Ils ont créé un état de fait qui a renforcé l’abolitionnisme. Ils ont même été, jusqu’à un certain point, les acteurs de leur propre histoire. D’où l’intérêt de ce livre de revenir sur cette facette peu connue de l’histoire de l’esclavage.

Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines, 282, juin 2016.


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