L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
joy-introduction-carnisme
Compte rendu du livre* :
 
Introduction au carnisme
.
Pourquoi aimer les chiens,
manger les cochons et se vêtir de vaches
,
de Melanie Joy,
Éditions l’Âge d’Homme, 2016 [2011].

Imaginez que vous soyez invité à dîner. Appréciant le plat principal qui vous est servi, en particulier les boulettes de viande, vous demandez à l’amie qui vous reçoit quelle est sa recette. Votre hôte commence alors par vous dire qu’elle a fait mariner de la viande de golden retriever… Vous vous figez aussitôt. Du chien ! Il y a du chien dans le plat que vous êtes en train de manger ! Vous voilà pris de dégoût. Alors que quelques secondes plus tôt vous aviez du plaisir à déguster ce mets, vous le repoussez maintenant des mains. Que s’est-il passé ?

Dans ce livre qui vient d’être traduit en français, la psychologue Melanie Joy recourt à cette expérience de pensée pour dénoncer la violence cachée de nos pratiques alimentaires. Nous ne voulons pas que des animaux souffrent et soient tués juste pour notre plaisir, mais nous consommons allègrement des produits d’origine animale (viande, lait et œufs) dont l’obtention implique souffrances et mises à mort de nombreux animaux. Pour masquer cette incohérence, nous ravalons certains animaux (surtout les vaches, cochons et poules) au rang de denrées comestibles alors que nous en chérissons d’autres (principalement chiens et chats). Mais il suffit que les seconds soient mis en sauce à la place des premiers pour que la violence de cette pratique alimentaire nous saute aux yeux… et qu’un mets nous dégoûte.

Pour rendre visible l’idéologie qui nous conditionne ainsi à penser que manger certains animaux est naturel et nécessaire, alors que c’est culturel et facultatif, M. Joy commence par la nommer : carnisme (du latin carne, la chair). De la même manière que ceux qui ne mangent pas de produits d’origine animale pour des raisons éthiques sont des adeptes du végétalisme ou véganisme, ceux qui consomment ces produits par choix peuvent maintenant être vus comme des adeptes du carnisme. Peut-être sans le savoir, êtes-vous donc un carniste, à moins que vous soyez un végétalien ou végane ?

Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines, 284, août-septembre 2016.


* Texte écrit sous forme d’introduction au terme « Carnisme » pour la rubrique « Le mot du mois ».


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