Compte rendu du livre :
Bioéthique et liberté,
d'Axel Kahn et Dominique Lecourt,
Entretien réalisé par Christian Godin,
Préface de Philippe Petit,
PUF (Quadrige — Essais-Débats), 2004.Voici un débat entre un philosophe et un généticien de renom au sujet de la bioéthique et de la liberté. L'association des deux termes du débat s'est faite naturellement tant le premier est, comme le regrette d'ailleurs le philosophe, presque systématiquement interprété en termes d'interdit : toute réflexion sur la bioéthique ayant en effet très souvent comme but de déterminer s'il faut ou non restreindre les développements des biotechnologies. Mais le débat lie plus fondamentalement ces deux termes puisque ces avancées scientifiques seraient, selon le généticien, à même de menacer la liberté des individus qui les auraient subies. Dit plus abruptement, le clonage — puisque c'est de cela qu'il s'agit — porterait atteinte à la liberté des sujets clonés ; il serait même « une violence inqualifiable faite à un enfant ». Puisqu'un clone n'est en rien le « double » d'un autre individu, le philosophe avoue ne pas partager cette interprétation. Le généticien rétorque alors, sans convaincre son interlocuteur, que le crime serait dans la volonté des parents d'avoir un enfant qui ressemble à l'un deux ! Ce qui souligne une opposition entre deux conceptions de l'homme et de la procréation. Mais au-delà, ce débat met également en avant deux conceptions de la bioéthique : alors que pour le généticien elle est essentiellement un garde-fou contre certaines avancées des biotechnologies, pour le philosophe elle est une réflexion sur la condition humaine qui s'enrichit de ces technologies.
Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 160, mai 2005.
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