L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
kymlicka-donaldson-zoopolis
Compte rendu du livre :
 
Zoopolis
.
Une théorie politique
des droits des animaux
,
de Will Kymlicka et Sue Donaldson,
Alma Éditeur, 2016 [2011].

La morale commune dit qu’il ne faut pas faire souffrir et tuer des animaux sans nécessité. Les spécialistes d’éthique animale en déduisent qu’il ne faut plus les exploiter pour se nourrir, s’habiller et s’amuser. Mais autant le principe de cet impératif est en général accepté (qui reconnaîtrait aimer faire souffrir les animaux pour son plaisir ?), autant sa mise en pratique laisse à désirer. Depuis quarante ans que les théoriciens de l’éthique animale tentent de convaincre leurs concitoyens de mettre un terme à l’exploitation des animaux, force est de constater que leur sort ne s’est guère amélioré. Une des explications est bien sûr l’inertie de la société : la plupart des gens ne veulent pas changer leurs habitudes. Mais, pour les deux auteurs de ce livre, une autre explication est que les animaux n’ont pas été intégrés à une théorie politique. Aussi, dans cet ouvrage novateur, décrivent-ils les modalités d’une cohabitation pacifiée avec les animaux.

Une société est constituée d’individus ayant des statuts politiques distincts. Les droits d’un enfant, d’un citoyen adulte, d’un touriste ou d’un immigré ne sont pas les mêmes. Sur ce modèle, les deux auteurs commencent par diviser les animaux en trois groupes et à leur attribuer différents statuts politiques : la citoyenneté pour les animaux domestiques (chiens, vaches, etc.), la résidence permanente pour les animaux liminaux, c’est-à-dire les animaux qui vivent librement dans nos villes (rats, pigeons, etc.), et la souveraineté pour les animaux sauvages (lions, baleines, etc.). Dépassant ainsi le cadre strict de l’éthique animale, les deux auteurs justifient en détails cette catégorisation et développent tout ce qu’elle implique sur un plan pratique. Cette politisation de la question animale permettra-t-elle de mettre un terme à la cruelle exploitation des animaux ? L’avenir le dira. En tout cas, publié en 2011 en anglais, ce livre s’est rapidement imposé comme une référence incontournable chez tous ceux qui se soucient de leur sort. Aussi sa traduction en français est-elle à saluer…

Thomas Lepeltier, décembre 2016.


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