L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
larue-vegetarisme-ennemies
Compte rendu du livre :
 
Le végétarisme et ses ennemis.
Vingt-cinq siècles de débats,
de Renan Larue,
Puf, 2015.

Bientôt, « les mangeurs de viande n’auront pas seulement l’air ridicules ou sectaires […] mais irresponsables, ignorants et cruels ». C’est l’hypothèse que fait dans ce bel ouvrage Renan Larue après avoir retracé la longue querelle entre les végétariens et leurs ennemis, qui dure depuis au moins 2500 ans. Il faut dire que, sur le plan des arguments, les mangeurs de viande ne sortent pas gagnants de leur longue confrontation avec les défenseurs des animaux.

Par exemple, dans l’Antiquité, ceux qui tentaient de justifier le sacrifice des animaux destinés à l’alimentation en prétendant que c’était une façon d’honorer les dieux étaient déjà démasqués par les végétariens qui leur montraient que ce rituel n’était en réalité qu’un prétexte à leur gourmandise. De même, en étant plus compassionnels que le Christ qui était indifférent au massacre des animaux, les végétariens pouvaient dénoncer sans problème l’hypocrisie d’une Église chrétienne qui défendait ce droit de tuer. Plus tard, un Voltaire, grand défenseur du végétarisme, n’avait aucun mal à révéler que la théorie cartésienne des animaux machines n’était rien d’autre que « la vaine excuse de la barbarie ». Enfin, de nos jours, les nouveaux végétariens peuvent aisément montrer que les défenseurs de l’alimentation carnée recourent finalement aux mêmes sophismes que ceux qui étaient utilisés il y a deux siècles pour maintenir les Noirs en esclavage.

À notre époque, où plus personne n’accepte qu’un animal soit maltraité sans nécessité, l’auteur de ce livre constate que le hurlement des bêtes que l’on conduit à l’abattoir commence enfin « à tirer de leur sommeil dogmatique » un nombre croissant de mangeurs de viande. Étant donné que ces derniers commencent aussi à s’attrister des dégâts environnementaux provoqués par leur mode d’alimentation, l’auteur estime que le xxie siècle s’annonce comme l’époque de l’histoire la plus favorable au végétarisme. D’où sa prédiction que les mangeurs de viande seront bientôt socialement perçus comme des êtres cruels et irresponsables. S’il a raison, il se peut que leurs jours soient comptés…


Thomas Lepeltier, mars 2015.


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