Rien n’est joué.
La science contre les théories de l’effondrement,
de Jacques Lecomte,
Les Arènes, 2023.
L’épuisement des matières premières, la chute de la biodiversité et le réchauffement climatique font peur. Une éco-anxiété envahit une partie de la population. En psychologue, Jacques Lecomte s’est intéressé à la question. Il a donc commencé par étudier les discours catastrophistes qui prédisent un effondrement des écosystèmes et de la société. Or quelle fut sa surprise de constater que ces discours sont beaucoup plus noirs que ce qui ressort de la littérature scientifique ! Par exemple, les « effondristes » citent des publications qui annoncent que le pic pétrolier a déjà eu lieu et que, par conséquent, notre société thermo-industrielle va très prochainement décroître. Mais Lecompte montre qu’il existe toute une littérature spécialisée qui prédit au contraire que les réserves de pétrole seront abondantes pendant des décennies encore. De même, les effondristes citent des études évoquant une réduction massive de la biodiversité dans certains endroits. Mais, là encore, Lecomte souligne que d’autres études montrent que les premières n’ont pas la portée générale que les effondristes leur attribuent. Il signale même des analyses qui ont établi que, dans d’autres endroits, la biodiversité croît depuis plusieurs décennies. Il pointe ainsi une erreur constante des effondristes qui consiste à ne citer que les parties des études scientifiques qui vont dans le sens de leur thèse et à généraliser abusivement. Il en est de même pour le réchauffement climatique. Lecomte adhère aux travaux du Giec. Il rappelle juste que, à côté des scénarios catastrophistes, il existe des scénarios où la situation reste gérable. Ne retenir que les premiers relèvent donc, là aussi, d’une erreur méthodologique. D’ailleurs, Lecomte montre comment, d’année en année, les effondristes changent de discours au fur et à mesure que leurs prédictions sont contredites. Dès lors, la meilleure attitude pour combattre l’éco-anxiété consiste, selon lui, à lire la littérature scientifique plutôt que d’écouter les prophètes de malheur. Cette approche non seulement rendrait plus optimiste, mais serait plus efficace pour affronter les risques qui pèsent sur l’environnement et la société. Autant dire que cette déconstruction, précise et rigoureuse, des discours catastrophistes est roborative.
Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines,
364, décembre 2023.
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