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Compte rendu du livre :

De la Pluralité des mondes,

de David Lewis,

Traduit de l'anglais (américain) par Marjorie Caveribère et Jean-Pierre Cometti,
Éditions de l'éclat (Tiré à part), 2007.

      Les ânes parlent-ils ? La question paraît saugrenue. Mais, pour le très sérieux philosophe David Lewis (1941-2001), premièrement, le cosmos tout entier n'est qu'un monde particulier au sein d'une vaste pluralité de mondes, tous causalement et spatio-temporellement isolés les uns des autres ; et, deuxièmement, ce qui aurait pu se produire dans notre monde se réalise concrètement dans un de ces mondes. Du coup, il existe au moins un monde où les ânes parlent ! Cela implique également que ce que vous auriez pu faire, mais n'avez pas fait, est réalisé dans un autre monde par un homologue de vous, quelqu'un vous ressemblant parfaitement jusqu'au moment où il a fait ce que vous n'avez pas fait mais auriez pu faire. En somme, selon ce « réalisme modal », le réel et le possible n'ont pas de statut ontologique différent.
      Comment peut-on croire à une idée aussi extravagante ? Tout simplement, selon Lewis, parce qu'elle est utile en logique. Par exemple, pour que la proposition suivante « si Zidane n'avait pas donné un coup de tête au joueur italien, l'équipe de France aurait gagné le Mondial » soit vraie, il faut que dans tous les mondes similaires au nôtre, dans lesquels l'homologue de Zidane n'a pas donné de coup de tête, l'équipe de France fut victorieuse. Par des analyses pointues, Lewis montre ainsi que la croyance en l'existence des mondes possibles est le prix à payer pour rendre plus cohérente la logique dite modale. Bref, c'est la logique contre le sens commun. À vous de choisir. En attendant, saluons la traduction en français de ce classique de la philosophie anglophone.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 194, juin 2008.

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