Compte rendu du livre :
Les Secrets du vivant.
Contre la pensée unique en biologie,de Michel Morange,
La Découverte, 2005.La biologie est dans une impasse. C'est en tout cas ce que considère le généticien et historien des sciences Michel Morange. Dans ce livre, qui ne traite pas des secrets du vivant mais des difficultés rencontrées par les scientifiques dans leurs analyses des processus biologiques, il cherche à montrer que cette situation provient de la « pensée unique » qui règne en biologie. Selon lui, les biologistes disposeraient de trois modes d'explication du vivant : des explications de type mécaniste, de type darwinien et de type physique non-causale. Les premières consistent à déterminer, dans les interactions entre les molécules et les cellules, des chaînes de causalité chimique. Les explications de type darwinien exhibent la manière dont une forme biologique a été favorisée par l'évolution parce qu'elle donne à son porteur une chance supplémentaire de laisser des descendants. Quant au dernier type d'explication, il établit des liens entre les structures biologiques et les contraintes — mécaniques ou autres — auxquelles celles-ci sont soumises. Le travers des biologistes serait, en fonction de leur spécialité, de ne recourir qu'à un type d'explication. Voilà pourquoi Morange parle de pensée unique.
À partir de nombreux exemples, il montre comment différentes articulations de ces types d'explication ont souvent permis de comprendre tel ou tel phénomène biologique jugé énigmatique tant qu'un seul type d'explication était utilisé. D'où son appel à une généralisation de cette démarche. Savoir si la nécessité de recourir à un tel pluralisme méthodologique est temporaire ou permanente n'est pas une question adressée dans ce livre, même s'il est affirmé qu'il serait vain de vouloir expliquer le vivant uniquement par les lois de la physique et de la chimie. L'approche de Morange est ici plus pragmatique et tourne autour de la question : comment amener les biologistes à articuler les divers principes d'intelligibilité de manière à faire progresser les connaissances biologiques ?Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 167, janvier 2006.
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