Les clés du champ.
Comment domestiquer les plantes,
de François Parcy,
Humensciences, 2024.
Réfléchir à la culture des plantes peut être très instructif pour penser l’avenir de notre société, comme l’illustre le biologiste François Parcy dans ce livre. Il commence ainsi par rappeler que, dans la nature, tous les organismes vivants se transforment génétiquement au cours du temps. Depuis l’origine de la domestication animale et végétale, les humains ont d’ailleurs constamment sélectionné les animaux et les plantes qui, après des modifications spontanées, présentaient des caractères avantageux pour leur exploitation (animaux plus dociles, plantes ayant un meilleur goût, etc.). Puis, avec le développement du génie génétique au 20e siècle, les chercheurs se sont mis à provoquer eux-mêmes des modifications génétiques, c’est-à-dire à fabriquer des OGM. Ces modifications auraient pu se produire naturellement, mais au bout d’un temps éventuellement très long. Il n’y a donc pas de distinction fondamentale entre des organismes « naturels » et des organismes « artificiels ».
Mais, en Europe, en raison d’une peur diffuse de leurs éventuels effets délétères, les plantes obtenues à partir d’un transfert de gène (transgénèse) ont été quasiment interdites peu après leur développement dans les années 1970, alors que celles obtenues par altération d’un gène (mutagenèse), développées depuis les années 1940, échappaient à cette stricte réglementation. Le très prometteur procédé de modification génétique, nommé CRISPR, mis au point en 2012, a toutefois été soumis à la réglementation des transgènes, alors que c’est un procédé de mutagenèse ! Parcy déplore ces incohérences qui ne reflètent pas les connaissances scientifiques, surtout que ce procédé CRISPR pourrait permettre de rendre, relativement facilement, les plantes plus résistantes aux maladies et aux insectes, réduisant ainsi l’utilisation de pesticides, et plus résistantes à des températures extrêmes. C’est donc un outil formidable pour affronter les défis auxquels notre société est confrontée. Encore faut-il ne plus en avoir peur. En ce sens, s’informer sur la génétique est presque un geste politique.
Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines, 373, novembre 2024.
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