Compte rendu du livre :
Quand l'État se mêle de l'histoire,
de René Rémond (Entretiens avec François Azouvi),
Stock (Les essais), 2006.En décembre 2005, des historiens de renom signent une pétition demandant l'abrogation de toutes les lois relatives à l'histoire : la loi Gayssot de juillet 1990 concernant la Shoah, la loi de janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915, la loi Taubira de mai 2001 sur la traite négrière et la loi de février 2005 reconnaissant un rôle positif à la colonisation française. À cette montée aux créneaux des historiens, il y a une cause immédiate. À l'automne 2005, l'historien Olivier Pétré-Grenouillau a été assigné en justice au nom de la loi Taubira par un collectif d'Antillais, de Guyanais et de Réunionnais pour avoir contesté l'appellation de génocide appliquée à l'esclavage. Une partie de la communauté des historiens s'est émue de cette mise en accusation d'un historien pour une opinion relative à un point d'histoire. Elle a pris conscience des effets potentiellement nocifs de ces lois dites « mémorielles ». Cette affaire Pétré-Grenouillau a alors ravivé un malaise profond face au rôle que s'assigne désormais le Parlement, celui de dire le vrai en matière d'histoire.
René Rémond, en tant que président de l'association « Liberté pour l'histoire » à l'initiative de ladite pétition, revient dans ce livre d'entretiens sur les raisons de son entrée dans ce débat historico-juridique et en profite pour rappeler dans quels contextes historiques et politiques ces lois sont apparues. En deux mots, disons que Rémond estime que la vérité historique ne peut relever d'une majorité parlementaire. Il n'est pas pour autant complètement insensible aux arguments de ceux qui se prononcent pour le maintien de certaines de ces lois, en particulier la loi Gayssot, même s'il persiste dans sa position de principe. Quoi qu'il en soit, Rémond reste pessimiste quant à l'issue de la pétition, tant les parlementaires semblent se satisfaire d'être devenus les maîtres de la vérité.Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 175, octobre 2006.
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