Le Protectionnisme,
de Jacques Sapir,
Puf (Que sais-je ?), 2022
Le protectionnisme est une politique menée par les États dans le but de protéger leurs travailleurs contre la concurrence étrangère. Il s’oppose au libre-échange qui prône la suppression des obstacles à l’importation de biens et de services. Sur ces deux politiques, les débats font rage. D’un côté, les partisans du libre-échange, s’appuyant sur le constat que le commerce favorise le développement économique, accusent les mesures de protection de nuire à l’enrichissement des populations. De l’autre, les partisans du protectionnisme accusent la libre concurrence de déstructurer les économies fragiles, d’accroître les inégalités et même de freiner la croissance. Dans ces débats, l’économiste Jacques Sapir appartient incontestablement au second camp. Son livre est donc sans ambiguïté en faveur du protectionnisme. Cette orientation ne l’empêche pas d’exposer clairement les débats théoriques sur les vertus du protectionnisme, puis d’analyser ses effets d’un point de vue historique. C’est donc à un riche tour d’horizon de cette question que ce petit livre nous convie.
Pour Sapir, la première erreur des adversaires du protectionnisme est de le confondre avec l’autarcie. Sapir reconnaît donc que les échanges commerciaux au niveau international sont bénéfiques. Il faut juste, selon lui, que l’afflux de marchandises soit sous contrôle pour ne pas nuire au développement des industries locales. Certes, les partisans du libre-échange, David Ricardo en tête, ont bien tenté de montrer qu’un pays avait intérêt à se spécialiser dans un certain type de production et à commercer librement avec d’autres pays (pour reprendre un célèbre exemple, le Portugal aurait ainsi intérêt à vendre son vin à l’Angleterre en échange de ses draps). Mais Sapir montre que ces modèles théoriques sont trop simplistes pour être crédibles. Puis, il montre que, historiquement, les périodes de plus grandes croissances économiques se sont produites quand des mesures protectionnistes étaient en place. Ces analyses sont-elles en mesure de mettre un terme aux débats ? C’est peu probable. De toute façon, même si une certaine vertu était reconnue au protectionnisme, il resterait à déterminer son niveau optimal. Il y aurait donc toujours matière à débat…
Thomas Lepeltier,
Sciences Humaines,
352, novembre 2022.
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