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Compte rendu du livre :

Pseudosciences et postmodernisme.
Adversaires ou compagnons de route ?

d'Alan Sokal,

Préface de Jean Bricmont,
Éditions Odile Jacob, 2005.

      Dans Impostures intellectuelles (Odile Jacob, 1997), Alan Sokal et Jean Bricmont avaient épinglé le verbiage d'intellectuels français assimilés au postmodernisme. Ils accusaient ces auteurs non seulement de truffer leurs textes, sans rien y comprendre, de références scientifiques pour impressionner leurs lecteurs (selon l'idée que plus c'est obscur plus ça paraît profond), mais aussi d'alimenter contre tout bon sens nombre de discours relativistes qui traitent les sciences comme des narrations ou des constructions sociales parmi d'autres. Dans ce nouveau livre, Sokal revient à la charge contre le postmodernisme, mais cette fois-ci pour l'accuser de servir de caution aux pseudosciences (médecines parallèles, astrologie, religions, etc.).
      Quoi de commun entre les postmodernes et les adeptes des pseudosciences ? A priori, rien. Les premiers se caractérisent par leur scepticisme radical ; les seconds par leur crédulité. Toutefois, en analysant plus particulièrement deux exemples de pseudosciences, relativement différentes l'une de l'autre — en l'occurrence, le toucher thérapeutique et la science védique défendues par les nationalistes hindous —, Sokal montre comment ces pseudosciences s'appuient, pour défendre leur légitimité, sur les critiques que les postmodernes adressent à la science. À la base de leurs arguments se retrouve toujours la même idée : si la science moderne n'est qu'un discours parmi d'autres sur la réalité, il y de la place pour des sciences alternatives, fondée sur d'autres principes et soumises à d'autres critères d'évaluation.
      Cette récupération de leurs thèses par les adeptes des pseudosciences ne fait pas des postmodernes eux-mêmes des adeptes ou des défenseurs de ces dernières. Mais parce qu'ils mettent en cause l'universalité de la rationalité mise en œuvre dans la pensée scientifique, Sokal les accuse de favoriser l'emprise de l'irrationalité sur nos contemporains.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 168, février 2006.

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