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Compte rendu du livre :

Y a-t-il un Dieu ?

de Richard Swinburne,

Traduit de l'anglais par Paul Clavier,
Les Éditions d'Ithaque, 2009.

       On croyait la question de l'existence de Dieu dépassée. Non pas qu'elle aurait été résolue, mais elle se serait révélée insoluble. Dieu relèverait de la foi, pas de l'argumentation. Voilà pourtant qu'un très sérieux philosophe de l'université d'Oxford avance non seulement que l'existence de Dieu peut faire l'objet d'un débat rationnel mais que les arguments, bien pesés, penchent en faveur du théisme. Pour Richard Swinburne, la dimension heuristique de cette dernière hypothèse la rendrait en effet plus crédible que l'hypothèse matérialiste.
       Son raisonnement s'inspire directement de la démarche des scientifiques. Par exemple, comment ces derniers justifient-ils l'existence d'entités inobservables ? En montrant, répond Swinburne, qu'elles permettent d'obtenir la plus simple explication du plus grand nombre de phénomènes. Or l'hypothèse divine permettrait de fournir la plus simple explication de l'existence d'un monde ordonné : alors que pour en rendre compte un matérialiste est obligé d'invoquer une multitude de particules aux propriétés distinctes, mais miraculeusement coordonnées, le théiste ne fera appel qu'à une seule entité, Dieu. De même, alors que le matérialiste multiplie les hypothèses pour essayer d'expliquer la conscience en termes physiques, le théiste rend facilement compte de son apparente irréductibilité à la matière par l'hypothèse divine. Et ainsi de suite.
       Ces raisonnements sont bien sûr critiquables. Swinburne le reconnaît. Ils appellent donc autant l'approfondissement que la contradiction. C'est leur mérite…

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 213, mars 2010.

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