L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
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Compte rendu du livre :
 
Life 3.0
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Being Human in the Age of Artificial Intelligence,
de Max Tegmark,
Allen Lane, 2017.

En 2014, Max Tegmark, professeur de physique au MIT (États-Unis), publie Notre univers mathématique (Dunod). Il y défend l’idée que l’univers n’est pas simplement décrit par les mathématiques, mais qu’il est lui-même un objet mathématique. C’est donc un physicien qui ne rechigne pas aux réflexions hardies. Dans ce nouveau livre, où il analyse les façons dont l’intelligence artificielle va bouleverser l’humanité, on retrouve le même désir d’aller de l’avant en termes de spéculation. Le titre fait d’ailleurs référence à une possible troisième phase de l’histoire de la vie. La première correspond aux 4 derniers milliards d’années environ, où les structures des organismes vivants (que l’auteur compare au hardware de l’informatique) et leurs comportements (comparés au software) étaient déterminés par la biologie (Life 1.0). Les 100 000 dernières années, où s’est développé la capacité des humains à modifier leurs comportements par la culture, représente la deuxième phase de l’histoire de la vie (Life 2.0). Dans la troisième, qui ne saurait tarder selon l’auteur, les organismes vivants pourront non seulement continuer à changer leurs comportements mais aussi modifier leur hardware eux-mêmes (Life 3.0). Cela se fera quand l’intelligence artificielle acquerra son autonomie et développera le pouvoir de s’auto-modifier.

À quoi cette puissance d’auto-transformation va-t-elle aboutir ? Personne ne le sait précisément. Mais Tegmark développe plusieurs scénarios où les humains cohabiteront avec des machines intelligentes de façon plus ou moins harmonieuse. Il conçoit également des symbioses entre machines et organismes biologiques. Il envisage même que ces nouvelles formes de vie pourront se répandre dans l’univers, bien au-delà de notre Galaxie. De fait, rien ou presque n’arrête des machines intelligentes qui s’auto-perfectionnent ! Heureusement, le physicien qu’il est n’oublie jamais de distinguer les scénarios jugés très probables par les spécialistes de ceux qui ne sont vus que comme plausibles, voire très spéculatifs. Qui plus est, son propos n’est pas de développer pour le plaisir des scénarios dignes de la science-fiction. Il est de faire comprendre qu’il y a une urgence à réfléchir aux conséquences des développements de l’intelligence artificielle. Il estime en effet que, plus tôt on en évaluera les risques, plus vite on pourra en éviter les effets indésirables, voire catastrophiques. En ce sens, c’est un livre qui invite, autant ceux qui en ont peur que ceux qui sont passionnés par le sujet, à réfléchir aux éventuels dangers de l’intelligence artificielle. Cela paraît sage…

Thomas Lepeltier,
La Recherche, 530, décembre, 2017.


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