Collapsus.
Changer ou disparaître ?
Le vrai bilan sur notre planète,
de Laurent Testot et Laurent Aillet (eds),
Albin Michel, 2020.
Une crise écologique et climatique est devant nous. Quelle est son étendue ? Où nous conduit-elle ? Comment faut-il y faire face ? Laurent Testot et Laurent Aillet ont demandé à une quarantaine de spécialistes de répondre à ces questions. Pour ces deux maîtres d’œuvre, l’enjeu est fondamental, comme le sous-titre de l’ouvrage l’indique : en tant que société, soit nous changeons radicalement, soit nous disparaissons. La tonalité générale des contributions reflète bien cette approche catastrophiste. La richesse de l’ouvrage est de la décliner sous ses multiples dimensions. Les dégâts environnementaux que notre civilisation a déjà causés et risque d’entraîner prochainement sont bien sûr rappelés. Les problèmes géopolitiques, alimentaires, financiers qui nous attendent sont également abordés. Les implications anthropologiques des changements en cours, comme notre rapport à la nature ou à la mort, sont aussi traitées. Et ainsi de suite. Rien ne vaut un tel panorama pour se mettre au parfum des discours sur le possible effondrement de notre civilisation.
Reste que l’ouvrage aurait gagné à creuser encore davantage son sujet. Comme le rappellent les deux maîtres d’œuvre en introduction, « aucun des auteurs […] ne postule […] l’inéluctabilité d’un effondrement ». Mais les scénarios de « sortie de crise » sont peu précis, voire simplement incantatoires. Par exemple, certains auteurs font porter toute la responsabilité de la crise écologique et climatique sur le capitalisme. Or aucun ne nous dit comment sortir de ce système économique. Une autre limite est que l’urgence climatique n’est jamais évaluée au regard d’autres urgences, comme le manque d’accès à l’eau potable des miséreux de ce monde. Ou encore, la question de savoir ce qu’il faut préserver sur Terre n’est jamais abordée. Par exemple, pourquoi la disparition d’un glacier serait-elle en soi un problème ? Cela dit, ces réserves n’enlèvent rien à la richesse du livre. Elles indiquent juste que la collapsologie mérite encore de longues réflexions.
Thomas Lepeltier, février 2020.
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