L’univers livresque
de Thomas Lepeltier
wihtol-de-wenden-ouvrir-frontieres
Compte rendu du livre :
 
Faut-il ouvrir les frontières ?,
de Catherine Wihtol de Wenden,
Les Presses de Sciences Po, 2014.

Il semble qu’un nombre croissant de citoyens des pays riches voient dans l’immigration la source de beaucoup de leurs problèmes. D’où leur désir de fermer les frontières. Pourtant, études à l’appui, Catherine Wihtol de Wenden souligne dans ce livre que les contributions des immigrés aux finances d’un pays, à travers les impôts, les cotisations et les taxes, seraient supérieures à ce qu’ils coûtent en termes de prestations sociales et d’usage des services publics. Sans compter que, d’une manière générale, la mobilité des personnes crée de la richesse et favorise le développement économique.

Cette situation est l’un des grands paradoxes des sociétés modernes. Nombre d’États adhèrent ainsi, d’un côté, à une pensée libérale favorable au libre mouvement des marchandises mais, d’un autre côté, à une pensée sécuritaire qui voit dans l’étranger un risque pour la cohésion nationale. Or il apparaît que les entraves à la circulation des personnes ne favorisent pas celle des biens. Qui plus est, force est de constater que les politiques de fermetures des frontières, plus ou moins drastiques et toujours très couteuses, sont des échecs et font courir des risques mortels aux migrants. Situation d’autant plus déplorable que, comme le montre l’auteure, les flux migratoires vont très probablement s’amplifier dans les décennies à venir.

Pour ces raisons, l’auteure préconise l’ouverture des frontières. Mettant même en avant que, aujourd’hui, « la première inégalité du monde tient simplement au fait d’être né dans un pays plutôt qu’un autre », elle en vient à considérer que « la liberté de circulation des personnes est un droit universel ». Les États qui voudraient restreindre l’entrée de leur territoire ne devraient donc pouvoir le faire que de manière exceptionnelle. Reste à savoir si l’auteure en viendrait à reconnaître que, à l’instar des autres discriminations arbitraires, celles qui s’exercent à partir d’un critère aussi arbitraire que celui de la nationalité devraient être abolies. Réponse peut-être dans un prochain livre…


Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 268, mars 2015.


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