Compte rendu du livre :

Science et tradition hermétique,

de Frances Yates,

Traduit de l'anglais par Boris Donné,
Éditions Allia, 2009.

      L'émergence de la science moderne a été rendue possible par la pratique de la magie, de l'alchimie et, d'une manière générale, par la tradition hermétique. Rien de plus ; rien de moins. Telle était la thèse iconoclaste soutenue par l'historienne britannique et grande spécialiste de l'occultisme à la Renaissance, Frances Yates (décédé en 1981). En France, on connaissait surtout ses travaux sur Giordano Bruno. Voici que ce nouveau petit livre offre une traduction de trois articles qui viennent appuyer cette thèse de l'influence déterminante de l'hermétisme sur la naissance de la science moderne. C'est court, c'est précis, c'est tonifiant.
      Qu'apporte l'hermétisme ? Principalement, une vision d'un cosmos traversé par un réseau de forces magiques sur lesquelles l'homme peut opérer. Étudiant Marcile Ficin, Pic de la Mirandole, John Dee, Francis Bacon, etc., Yates montre comment l'influence de l'hermétisme a effectivement incité ces auteurs à s'engager dans — ou à prôner — l'investigation du monde. Yates rappelle ensuite comment Copernic, qui cite comme autorité Trismégiste, adopte une vision religieuse du Soleil et le fait résider au centre de tout ce qui existe. Elle peut alors revenir à Bruno qui associe l'héliocentrisme à la magie solaire et, se fondant encore sur un texte hermétique, affirme que la Terre se meut parce qu'elle est vivante. Bref, en peu de pages, Yates réussit à montrer comment cette tradition hermétique a renversé Aristote au nom d'un univers unifié, sous-tendu par la seule loi de l'animisme magique. Ça vaut le détour.

Thomas Lepeltier, 2010.

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