Quand la forêt brûle.
Penser la nouvelle catastrophe écologique,
de Joëlle Zask,
Premier Parallèle, 2019.
L’été 2019 a été marqué par de gigantesques incendies de forêts, en Amazonie, en Sibérie, en Afrique équatoriale et en d’autres lieux. L’opinion publique y a vu une manifestation très concrète de l’emballement de la crise climatique et environnementale. Bien sûr, les feux de forêts ne sont pas inédits. Mais ces mégafeux, par leur puissance et leur caractère incontrôlable, ont suscité un sentiment de sidération que les incendies ordinaires qui sévissent ici ou là ne provoquent pas en général. Pour la philosophe Joëlle Zask, ces gigantesques embrasements auraient même la triple spécificité de nous obliger à revoir nos conceptions de la nature, qu’elles soient nourries d’idéaux de maîtrise ou d’harmonie, de nous indiquer l’impasse environnementale où nous nous trouverions, entre désir d’intervention et volonté de préservation, et de nous rappeler notre responsabilité dans la catastrophe écologique à venir. Aussi estime-t-elle qu’ils constituent un « poste d’observation » privilégié pour tenter de sauvegarder nos « conditions d’existence humaine ».
La première leçon à retenir de l’analyse que fait Joëlle Zask de l’impact des feux sur les forêts est que les premiers peuvent être autant bénéfiques que destructeurs. Quant à nos actions de protection de la forêt, elles doivent reposer sur une délicate combinaison d’interventionnisme et de laisser faire. Il n’y a donc ici pas de place pour une vision romantique de la nature où l’intégrité de cette dernière devrait être respectée à tout prix. Pour cette raison, Joëlle Zack récuse toute solution simpliste pour protéger les forêts. L’analyse fourmille ainsi de perspectives éclairantes sur leur fonctionnement et fait preuve de prudence quant aux actions à entreprendre pour les sauvegarder. Malheureusement, toute acquise à l’idée qu’il faut protéger les forêts, la philosophe en oublie de justifier cet impératif de sauvegarde, qui méritait pourtant qu’on y revienne. Surtout, son approche en reste trop au niveau des généralités et sa réflexion ne la conduit pas à proposer des mesures concrètes à appliquer dès maintenant. Dommage…
Thomas Lepeltier,
Sciences
Humaines, 320, décembre 2019.
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