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Compte rendu du livre :

Histoire de la voyance et du paranormal.
Du XVIIIe siècle à nos jours,

de Nicole Edelman,

Éditions du Seuil, 2006.

      Y a-t-il une rationalité de l'irrationnel ? Au tournant du XXe siècle, la communauté scientifique avait montré beaucoup d'intérêt pour le monde de l'occulte : tables tournantes, médiums, ectoplasmes, etc. De nombreux savants, intrigués, avaient essayé d'analyser expérimentalement ce qui se cachait derrière ces phénomènes physiques ou psychiques. Puis, vers les années 1930, la communauté scientifique s'en était finalement désintéressée et opéra même un « grand partage » entre science et occultisme, entre rationalité et irrationalité. Ce « flirt », puis ce « divorce » avaient été analysés dans un livre collectif paru en 2002, Des savants face à l'occulte, 1870-1940 (La Découverte).
      Nicole Edelman, qui avait contribué au précédent livre, nous offre cette fois une histoire de la voyance et du paranormal du XVIIIe siècle à nos jours. Le propos est plus ambitieux puisqu'il consiste à analyser l'évolution de la voyance, de l'astrologie, de la numérologie, etc., sur trois siècles. Edelman nous conduit ainsi à vive allure de Mesmer qui inventa le magnétisme animal au siècle des Lumières jusqu'à Madame Soleil qui popularisa l'astrologie sur les ondes radio, en passant par le grand prêtre du spiritisme, Hippolyte Rivail, alias Allan Kardec, nom du barde celtique qu'il aurait porté dans une vie antérieure. Dans ce panorama, on retrouve régulièrement des points de contact entre science et occultisme, à l'exemple de la figure de la « somnambule magnétique » — remplacée au milieu du XIXe siècle par celle du « médium » — qui fut en son temps considérée comme fille de la modernité et symbole du progrès de la science.
      Y croire ou ne pas y croire ? Telle n'est pas la question que se pose Edelman. Son propos est de retracer les continuités et discontinuités de ce monde de l'occulte. En tant que telle l'entreprise est globalement réussie. Reste qu'à vouloir trop embrasser de cet univers très hétéroclite le livre perd parfois en acuité.

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 170, avril 2006.

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