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Compte rendu du livre :

Why there almost certainly is a God.
Doubting Dawkins,

de Keith Ward,

Lion Hudson, 2008.

      En 2006, Richard Dawkins publiait Pour en finir avec Dieu (titre original : The God delusion). Le livre est maintenant une référence incontournable : plus de deux millions d'exemplaires se sont vendus dans le monde et on ne compte plus les articles et ouvrages qui ont été écrits pour riposter à ce brûlot anti-religieux. Nombreux sont les athées à se réjouir de la virulence des propos de Dawkins. Mais des critiques lui reprochent de bâtir, à partir d'une ignorance profonde du phénomène religieux, des raisonnements à coup de simplifications et d'amalgames. Non sans ironie, certains font même remarquer que la façon dont il œuvre pour une conversion universelle à son credo athéiste n'est pas sans rappeler les attentes des religions monothéistes. Par exemple, s'il rejette l'idée de providence divine, Dawkins ne peut s'empêcher de penser que l'histoire a un sens et que les religions — qui incarnent le mal par excellence, puisqu'elles sont pour lui la source des plus grands fléaux que connaît l'humanité — finiront par disparaître. Bref, si Dieu n'existe pas, le paradis terrestre semble toujours promis à l'humanité !
      À côté de ses critiques de la religion en tant qu'institution sociale, Dawkins avance bien sûr des arguments contre l'existence de Dieu. En philosophe, c'est à ceux-là que Keith Ward a exclusivement répondu dans ce livre qui se distingue par sa clarté et son aspect méthodique. Il y reprend en détail l'argumentaire de Dawkins et, contre ce dernier, tente de montrer que l'existence de Dieu est très probable. Son point de départ consiste à rappeler que le matérialisme de Dawkins relève de la profession de foi. Comment peut-on se définir matérialiste quand personne ne sait exactement ce qu'est la matière ? Il en va de même pour l'affirmation qu'une conscience n'a pu émerger que tardivement dans l'histoire du monde. Comment le sait-on ? Faire l'hypothèse de Dieu, c'est au contraire soutenir qu'il existe une conscience éternelle, responsable de la création de l'univers. Reste ensuite à montrer que cette hypothèse est plus rationnelle que celle stipulant que l'univers est uniquement constitué de matière. C'est là que Ward reprend un à un les arguments de Dawkins pour les retourner contre eux-mêmes.
      Un des arguments préférés de Dawkins concerne la supposée complexité de Dieu. Les croyants disent que ce dernier permet d'expliquer le pourquoi des choses. Absurde, répond Dawkins. Si Dieu est responsable de la création de l'univers, il doit être bien plus complexe que sa création. On n'explique donc rien en recourant à l'hypothèse de Dieu puisque cette hypothèse est plus difficile à expliquer que ce qu'elle est censée expliquer. L'argument semble toucher sa cible. Pourtant, Ward montre que Dawkins se bat contre des moulins à vent : pour tout théologien, loin d'être complexe, Dieu est plus simple qu'un nombre indéfini d'éléments matériels dispersés dans l'espace. À partir de là, comme avec les autres arguments de Dawkins, Ward essaye de montrer comment l'hypothèse de Dieu explique mieux la situation actuelle de l'univers que ne le fait l'hypothèse athéiste.
      Bien sûr, l'argumentation de Ward est elle aussi critiquable. Il serait extraordinaire que ce philosophe ait réglé une fois pour toutes la question de l'existence de Dieu. Mais son mérite n'est pas négligeable. Dans un style très accessible, il souligne à merveille qu'il n'est pas aussi facile que ne le croit Dawkins de montrer que l'hypothèse de Dieu est absurde. De quoi en finir avec les simplifications…

Thomas Lepeltier, Sciences Humaines, 202, mars 2009.

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