Compte rendu du livre :

Mon père n'est pas un singe ?
Histoire du créationnisme,

de Cédric Grimoult,

Ellipses, 2008.

      Les créationnistes font peur. Qu'ils soient adeptes d'une lecture littérale de la Bible ou simplement promoteurs de l'idée d'une intervention divine dans l'histoire du vivant, ces contempteurs de la théorie moderne de l'évolution sont souvent accusés d'être une menace pour la science, la démocratie et la laïcité. Est-ce une crainte justifiée ? Avant de prendre position, mieux vaut comprendre d'où ils viennent, qui ils sont et ce qu'ils disent exactement. L'intérêt du livre de Cédric Grimoult est justement de retracer l'histoire du créationnisme, des Grecs à nos jours. Il fait suite au livre de Jacques Arnould, Dieu versus Darwin. Les créationnistes vont-ils triompher de la science ? (Albin Michel, 2007) et à mon propre livre, Darwin hérétique. L'éternel retour du créationnisme (Seuil, 2007). Clair et assez bien informé, ce nouveau livre n'est pas sans démériter.
      Malheureusement, trop engagé dans la condamnation de ce courant de pensée, il en offre parfois une vision biaisée. Par exemple, le créationnisme moderne peut être considéré — pour qui n'est pas créationniste — soit comme n'étant pas une science, soit comme étant de la mauvaise science. Dommage que l'auteur passe sous silence les débats à ce sujet et fasse de la première option un a priori. Ensuite, tout en s'en prenant au dogmatisme des créationnistes et en considérant que toute science se doit d'être réfutable, l'auteur ne cesse d'affirmer que Darwin a offert des preuves de l'évolution. Or, on ne peut pas considérer à la fois que la théorie de l'évolution est prouvée et qu'elle est réfutable. Autrement, si l'auteur décrit relativement bien l'histoire du créationnisme avant la consécration de la théorie moderne de l'évolution dans les années 1930-40, il passe très vite sur son histoire au cours de la période ultérieure. Jugeant que le créationnisme moderne n'est qu'une aberration, il estime sans doute que la critique doit prendre le pas sur le récit historique. C'était pourtant une histoire du créationnisme qui était annoncée. Enfin, l'auteur affirme que le créationnisme moderne est une offensive contre la liberté de pensée et le pluralisme politique. Sans analyse des idées politiques de ses promoteurs, l'affirmation paraît gratuite. Il y a des moments où l'excès dans la critique nuit à sa pertinence.

Thomas Lepeltier, 2008.

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